Entreprises contraintes de se réorganiser, émergence du télétravail, métiers en évolution... La crise sanitaire a perturbé le monde économique, notre manière de travailler et accéléré la mutation du travail. Zoom sur les tendances qui risquent de perdurer. Structurer le télétravail Selon une étude menée par le groupe Kardham, spécialisé dans le conseil immobilier, auprès d’un échantillon de 3 000 salariés, ils sont 80 % a souhaité travailler régulièrement à distance, contre 7,5 % avant la crise. Si le télétravail était jusqu’ici peu démocratisé et certaines entreprises rechignaient encore à l’adopter, en 2020 nous n’avons pas eu le choix. Un certain nombre d’entreprises ont même dû le mettre en place dans l’urgence. Il convenait donc de définir des règles pour organiser le travail à distance. C’est ce que prévoit l’accord national interprofessionnel (ANI) qui a été signé le 26 novembre 2020. S’il explicite l’environnement juridique applicable au télétravail, il s’apparente avant tout à un guide de bonnes pratiques. Il recommande ainsi aux entreprises de privilégier le cadre de la négociation laissant la latitude nécessaire aux acteurs en présence pour définir les mesures les plus adaptées aux réalités du terrain. Un bureau post-covid flexible Avec le développement du télétravail, la fréquentation des bureaux sera différente. Les stratégies immobilières des entreprises risquent d’évoluer : choix de localisation à revoir, réduction des surfaces de bureaux, espaces flexibles avec lieux d’échange favorisant l’interaction et la créativité. Un changement souhaité par les salariés.e.s et notamment les moins de 35 ans. Ces derniers aspirent à des bureaux pourvus d’endroits propices aux échanges afin de recréer du lien social et de compenser la solitude causée par le télétravail. Certaines entreprises s’interrogent également sur la place à donner aux tiers-lieux, comme les espaces de coworking. Ils pourraient devenir un espace intermédiaire entre le bureau et le domicile, notamment pour les salarié.e.s aux logements peu adaptés à la pratique du télétravail. Des compétences comportementales de plus en plus importantes 2020 l’a confirmé. Les salarié.e.s seront confronté.e.s à des trajectoires professionnelles moins linéaires et des évolutions du monde du travail plus rapides et plus nombreuses. Faire face à ces changements demandera à disposer de certaines compétences comportementales. Au rang de celles qui ont été particulièrement prisées par les recruteurs et les entreprises en 2020 : la capacité d’adaptation, l’autonomie, la capacité à prendre des initiatives, la créativité et la persévérance. Des métiers dits porteurs confirmés La crise sanitaire a révélé une forte corrélation entre les métiers porteurs en 2020 (IT, services à la personne, marketing digital, ingénierie et métiers techniques industriels, commerce) et les métiers envisagés comme porteurs en 2025 (services à la personne, IT, marketing digital, ingénierie et métiers techniques industriels, métiers du transport et de la logistique). C’est pourquoi, selon le Forum Economique Mondial, la pandémie nous a fait entrer dans le « futur du travail ». Elle aura mis en lumière ce que l’on savait déjà : le manque de personnel dans le secteur médical et paramédical. Elle aura montré l’importance du secteur des transports et de la logistique et des experts informatiques. Des métiers en évolution En juillet dernier, France Compétences, unique instance de gouvernance nationale de la formation professionnelle et de l'apprentissage, lançait un appel à contributions auprès des branches professionnelles. Objectif : identifier les métiers émergents ou en évolution. Vingt métiers ont été identifiés pour l’année 2021. Il s’agit de métiers impactés par une évolution significative de leurs activités professionnelles et des compétences associées : Assistant médical , clerc assistant, clerc gestionnaire, commissaire de justice, plombier chauffagiste, couvreur, serrurier métallier, diagnostiqueur de produits, matériaux et déchets issus des bâtiments, préparateur en déconstruction, technicien d’installation et de maintenance de systèmes énergétiques, technicien / Chef de projet en rénovation énergétique, chargé de recyclage en production plasturgie, chargé de process numériques de production en plasturgie, technicien applicateur spécialisé dans la maîtrise des nuisibles, architecte Internet des objets, data Engineer, architecte des systèmes d’information dans les processus industriels, ingénieur/Expert en numérisation des systèmes et processus de production, technicien en conception d’études et développement électronique, technicien en électronique. Des reconversions qui s’accélèrent Selon le Forum Economique Mondial, d’ici 2025, l’automatisation et une nouvelle répartition du travail entre les humains et les machines perturberont 85 millions d’emplois dans le monde. Les postes qui demandent des compétences humaines (gestion, conseil, prise de décision, raisonnement, communication, interaction) seront de plus en plus demandés. 97 millions de nouveaux postes vont émerger dans l’économie des soins, l’économie verte, les industries technologiques de la 4e révolution industrielle comme l’intelligence artificielle et dans les domaines de la création de contenus. Près de 50 % des travailleurs qui conserveront leur poste pendant les cinq prochaines années auront besoin d’une reconversion liée à leurs compétences de base. Le traitement des informations et des données, les tâches administratives et les travaux manuels de routine seront, quant à eux, réservés aux machines. Face à toutes ces évolutions, un mot-clé pour les salarié.e.s comme les entreprises : la flexibilité ! Sylvie GIMONET